Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

nouvelles fraîches !!

Comme vous le savez peut-être, j'ai fait un autre aller-retour France-Grèce pour aller en formation.

Une semaine hors du camp, à bûcher le nez dans les bouquins et sur l'ordi. Alors, ce matin, j'étais sur le pied de grue (oui, nouvelle expression. J'aime pas trop l'idée d'être "sur le pied de guerre" ni "sur le front" quand je parle de réfugiés...) tôt pour avoir des nouvelles.

Et bien, je n'ai pas été déçue! C'est fou ce qui peut se passer comme trucs en quelques jours. L'impression d'être partie des mois...

D'abord, les volontaires m'ont dressé la liste des blessures bêtes : deux ados mal en point.

L'un d'eux a fait la vaisselle trop fort : il s'est ouvert la main en nettoyant un verre! Pas de points de suture (je ne sais pas exactement pourquoi) mais un bandage qui lui recouvre toute la main. Dans un sens, il dit que ça l'arrange bien parce que, grâce à cette aventure, il est à peu près sûre que sa mère ne lui demandera plus d'aide pour la vaisselle : trop de muscles!!

L'autre s'est cassé le nez en tombant pendant un match de basket-ball. Version officielle.

Officieusement, il est fort possible qu'un autre ado l'ait "aidé" à se casser le nez sur le terrain de basket. Il y a certes quelques similitudes entre les deux versions mais malheureusement, la deuxième paraît plus crédible.

L'histoire serait partie d'une querelle de voisinage entre les deux mamans, jusque là très amies, à propos d'un chien qui a aboyé sur la fille de l'une des deux mamans. L'histoire bête, quoi. Les deux fils aînés âgés de 14 et 16 ans ont apparemment essayé de résoudre la question entre eux... Le problème est que maintenant, celui qui a le nez cassé veut casser le nez de l'autre, histoire de rétablir les choses.

Après discussion avec le superviseur, le jeune a mis de l'eau dans son vin : "ok. je lui casse le nez que si le mien ne redevient pas comme avant". Effectivement, ça valait le coup de parlementer pendant une heure.

nouvelles fraîches !!

 

Ensuite, une situation inédite et qui verra sûrement des mises à jour : une famille arrivée il y a deux semaines, composée de huit enfants de 15 ans à 1 an, vit dans une maison. Jusque là, ok.

Sauf que les parents sont partis à Athènes. Apparemment, le mari a deux femmes, l'une qui était sur le camp avec lui, l'autre à Athènes. Cette deuxième femme étant souffrante, les parents sont allés la visiter. Avec trois enfants, le bébé et deux garçons (l'aîné de 15 ans et un de 8 ans).

Quid des autres? Ben, ils sont sur le camp. Tous seuls dans la maison.

Heureusement, cette famille syrienne qui est passée par un camp à Mytilène, sur l'île de Lesbos, y avait rencontré une famille qui vit ici. Donc la mère de la famille d'ici prend soin des enfants de l'autre famille en l'absence des parents (c'est un peu confus?).

Les cinq enfants qui sont restés là ont de 5 à 14 ans, deux garçons et trois filles. Ca fait plusieurs jours que les parents ne sont pas là. Ils sont sensés arriver demain. Mais demain n'arrive jamais. Ou du moins, si, mais les parents non.

C'est une des volontaires de School box qui s'est rendu compte qu'un de ses élèves (un des deux garçons partis avec les parents) manquait. Elle a demandé aux autres qui se sont tous regardés de manière étrange, puis ont fini par fixer leurs chaussures en disant "Athènes".

Plus intrigant encore : personne n'a jamais vu l'aîné de 15 ans. Il est inscrit sur les papiers, les parents à leur arrivée ont signalé sa présence, mais nulle trace de lui nulle part. Même regard inquiet et détourné des enfants quand on leur parle du grand frère. Enfui illégalement en Allemagne? Peut-être bien. Mais le petit de huit ans?

L'enseignante (alarmiste?) craint que la famille ne soit impliquée dans une sorte de trafic.

J'ai passé un peu de temps avec les enfants ce matin, dans leur maison. Ils ne sont pas allés à l'école parce qu'ils devaient "ranger la maison", effectivement très en bazar. On a donc fait un peu de rangement, plié les couvertures, rangé les crayons de couleur dispersés partout dans la maison. Tellement étrange de voir ces petites filles de 10, 7 et 5 ans, passer le balai, ranger les couvertures dans les placards, préparer les cartables, toutes les trois si organisées et soucieuses de montrer qu'elles s'en sortent très bien sans les parents..

Le garçon de 14 ans était malade, les traits gris, de gros cernes noirs sous les yeux. Je l'ai accompagné chez le médecin qui a accepté de le prendre même s'il n'avait pas ses papiers (les parents sont partis avec tous les documents à Athènes). Ca a été l'occasion de signaler ces gamins tous seuls aux social workers de Médecins du Monde...

Dans deux jours, si les parents ne sont pas revenus, nous aviserons ensemble, les Médecins du Monde, le superviseur et les volontaires. La bonne nouvelle, c'est que tout le monde est très concerné par ces gamins tous seuls sur le camp. Ca permettra peut-être de travailler tous ensemble....

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :